Comme nous l’avons énoncé précédemment, seuls les savoirs théoriques peuvent être enseignés, les savoirs d’action étant issus de l’expérience. Les compétences sur lesquelles repose l’éducation spécialisée sont constituées, en grande partie, de ces seconds savoirs. Les résultats présentés ici confirment l’importance des temps favorisant le développement de connaissances issues du rapport réflexif à la pratique. L’organisation en alternance de la formation d’éducateur spécialisé est donc potentiellement source de qualité. La prise en compte des critiques concernant la formation rappelées plus haut (perspective applicationniste, disciplines juxtaposées, entre autres) peut s’opérer par une précision de l’organisation de l’alternance. Celle-ci peut être mise en œuvre à partir de temps d’échange de pratiques, d’analyse de pratiques, de supervision. Selon Geay (2007, p. 35), l’échange de pratiques regroupe des participants de différents niveaux hiérarchiques qui s’intéressent au « comment je fais dans les situations les plus quotidiennes ». L’analyse de pratiques est organisée entre pairs, à propos d’une situation explorée de manière approfondie, avec le soutien d’« un animateur-expert garant de la méthodologie ». Quant à la supervision, elle est centrée sur ce qui est mis en jeu personnellement dans l’exercice professionnel. Dans le cadre d’une approche psychanalytique, par exemple, sont traités les processus transférentiels. Préciser la complémentarité de ces différents temps de travail contribuerait ainsi à articuler le « comment » et le « pourquoi » à propos des interventions menées sur le terrain, et aiderait l’étudiant à s’approprier des savoirs à partir de situations singulières. La difficulté des professionnels rencontrés à distinguer analyse de pratiques et supervision met en évidence une possibilité d’amélioration de l’alternance telle qu’elle était organisée lors de leur formation. Cette difficulté manifeste également l’imprécision des temps de réflexion existant dans leurs lieux d’exercice.