
L’éloge de la faiblesse : voici deux mots rarement associés et ce titre de l’ouvrage d’Alexandre Jollien nous indique d’office que ce texte, éminemment philosophique, montre les paradoxes du combat de la vie de l’homme. L’auteur lui-même est encore une association inhabituelle : infirme moteur cérébral depuis sa naissance et écrivain philosophe depuis 1999. Nous verrons dans cet ouvrage que cette association incongrue n’est autre qu’une relation de cause à effet, bien qu’une même cause ne provoque pas toujours les mêmes effets et dans le cas de notre philosophe, l’effet est surprenant mais il en a lui-même bien identifié la cause.
Alexandre Jollien est né en Suisse à Savièse le 26 novembre 1975. Lors de sa venue au monde, son cordon ombilical enroulé autour du coup prive son cerveau d’oxygène et cause une athétose, une IMC (infirmité motrice cérébrale). Il passera dix-sept des premières années de sa vie en institution spécialisée où il apprendra les gestes de la vie quotidienne mais aussi où il créera les fondations de sa pensé en exerçant un esprit d’analyse et de critique sur l’institution.
Il est très intéressant de connaître le point de vue philosophique d’un usager sur les institutions et, ce document est assez rare dans le contexte pour pouvoir lui donner une importance particulière. Au-delà de l’IMC, c’est aussi la condition humaine qui est évoquée et dans laquelle chacun peut se retrouver. Alexandre Jollien nous montre ici comment notre propre différence tout comme celle de l’autre, crée l’incompréhension dans le regard et que seule la connaissance ou la prise en compte de la totalité de l’être dans sa singularité crée la relation nécessaire à l’accompagnement.