Avec l’évolution de la technologie aussi bien dans les domaines des transports que dans les moyens de communications et d’informations, la spécificité des différentes cités populaires tend à disparaître. Je constate une uniformisation des jeunesses sur un aspect comportemental. Les phénomènes de modes se mondialisent et sont simultanés et par conséquent les crises identitaires également. Il est vrai qu’il existe encore des spécificités en fonction des régions du globe (dépendant de l’histoire, d’une réalité géopolitique et économique). Néanmoins, les spécificités régionales d’un état viennent à s’atténuer. Il est donc difficile à l’heure actuelle de parler des jeunes des quartiers populaires du nord de la France sans risquer un amalgame avec tous les jeunes des cités populaires de France. L’auteur parle de l’importance d’être propriétaire d’un véhicule.
C’est un phénomène qui s’est également développé dans les D.O.M. T.O.M. au début des années 90 et qui se caractérisait par le “tunning”. Pourtant, il existe encore des particularités sur le fond agissant sur les raisons de leur comportement. En résumé, il y a eut une globalisation des conduites des jeunes issus de milieux différents. Ce livre a été écrit dans les années 90. A cet époque, le service militaire exister encore, les conditions économiques et politiques, nationales et internationales n’étaient pas les mêmes. Depuis, quelques évènements ont montré la prise de conscience des jeunes sur l’importance de s’investir dans la vie de la cité. L’émergence d’un parti d’extrême droite aux élections présidentielles semble l’exemple le plus concret. A ces élections, l’abstentionnisme des 18-24 ans a montré le désintérêt et la méfiance à l’égard des partis politiques traditionnels. Les manifestations qui ont suivi le premier tour de ces élections (21 avril 2002), ont montré le refus d’un parti nationaliste et ont mis en évidence la prise de conscience des jeunes vis-à-vis de la vie citoyenne. Paradoxalement, ces manifestations remettent en cause le principe actuel de notre république : le suffrage universel. Les commentaires journalistiques de l’époque montraient des jeunes désireux de réinventer une citoyenneté. Ces événements qui auraient pu être fédérateur pour une auto prise en charge des jeunes dans leur avenir citoyen n’ont eut que pour effet à un retour aux partis traditionnels.
Il y a donc un retour au modèle ancien et non une évolution vers un nouveau modèle social. Et qui sait, peut-être qu’un nouvel évènement va à nouveau inverser la tendance (conflit international...). Comme le démontre Saïd Bouamama, l’évolution d’une catégorie de la population dépend de son engagement citoyen et influe sur l’ensemble de celle-ci. Dans ces phénomènes d’interactions, il est difficile d’émettre des perspectives à plus ou moins long terme, trop de facteurs entrent en jeux. Seul un débat sur la citoyenneté peut s’ouvrir, mais il ne peut se restreindre à une catégorie de la population ou à une région du monde. A partir de là, il faudrait peut-être orienter une recherche sur la notion de citoyenneté à travers les siècles. Mais nous nous rendrions vite compte que ce n’est pas une classe sociale ou une classe d’âge qui l’a fait évoluer mais plutôt l’Histoire aidée par quelques hommes.
L’utilisation du terme jeunesse, tout comme celui de jeunes de banlieues fait l’objet de nombreuses polémiques ou apparaît restrictif. C’est avec la mise en place de l’école laïque et publique qu’émerge une certaine conception de la jeunesse. Le contexte de l’après guerre c’est à dire modernisation de la société et plein emploi met en valeur la notion de “bandes”. C’est avec les évènements de mai 1968, que la jeunesse devient une catégorie spécifique et porteuse d’espoir de transformations sociales pour une grande partie de la société. Pourtant, sans raisons apparentes, un phénomène d’auto exclusion va venir noircir l’image de la jeunesse qui s’amplifiera avec la crise économique des années 70-80. De là, la jeunesse se parcellise en fonction de la réussite ou de l’échec scolaire : “ génération morale” face à “génération paumée”. L’utilisation de ce terme “jeunesse” et sa vulgarisation a entraîner de nombreux débats théoriques : la jeunesse est elle un âge de la vie (âge social) ou une adolescence prolongée ? Y a t’il une ou des jeunesses ? Selon l’auteur, “un “nouvel âge social” est en cours d’émergence dans les sociétés industrialisées”, et ce sont les jeunes de milieu populaire qui sont révélateurs de cette mutation. En effet, le travail étant au centre du monde ouvrier et une massification du chômage mettent la jeunesse dans une situation d’attente et d’échec qui ne débouche pas forcément sur une révolte mais plutôt une auto dévalorisation. Cette situation est la conséquence d’un antagonisme non pas vers le monde économique mais vers l’État et par conséquent vers les organismes publics (police, école...). Cette exclusion du travail atteint le sentiment d’appartenance à un groupe social “il en découle une individualisation plus fortes des démarches et des comportements” (p38).
Cette individualisation entraîne vers un isolement social et donc vers une rupture entre les générations ouvrières. Les éléments culturels spécifiques au milieu ouvriers qui créent un lien entre les générations étant atteint par la massification du chômage fait ressurgir les notions d’identités d’âges, de sexe, de nationalités... Néanmoins, la jeunesse des milieux populaires ne reste pas passive face à ces contradictions dans leur processus de socialisation. L’allongement de la scolarité et de la dépendance économique à la cellule familiale pousse à la “constitution d’une morale individuelle” (p45). qui entre en contradiction avec les valeurs du groupe familiale. Ainsi, les étapes qui mènent à l’”adultéité” ne sont plus les mêmes que pour les générations antérieures où l’accès au travail venait clore cette apprentissage. Mais les jeunes des milieux populaires n’ont pas comme seul problème l’insertion professionnel et sociale. Ils rencontrent des difficultés identitaires face à un imaginaire ouvrier qui c’est essentiellement construit autour de la quotidienneté du collectif. “Les tendances contradictoires de revendication d’individualités et de perception permanentes de solitudes” (p 63) montre bien une tentative d’actualisation de l’imaginaire que les jeunes de milieux populaires semblent porter la reconstruction sans en avoir reçu la légitimité de la part des adultes. Jusqu’au cours des années 60 l’imaginaire ouvrier se construit autour d’un collectif très fort.
Catégorie: | Fiche de lecture Educateur spécialisé |
Type de fichier: | application/pdf |
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