Face à un nombre important de demandes d’hébergement en C.H.R.S (Centre
d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), les travailleurs sociaux de ce secteur se voient
dans l’obligation de sélectionner le public. Certains critères de sélection sont définis
publiquement mais ne suffisent pas à eux seuls pour faire un choix entre les personnes.
Une enquête a été menée auprès de quarante travailleurs sociaux qui réalisent des
entretiens en vue d’une orientation ou d’une admission en CHRS dans tous les
départements de la région Rhône Alpes. Les résultats montrent que ces professionnels
utilisent des informations ouvertes à plusieurs interprétations pour sélectionner le public et
qu’un consensus existe pour en juger certaines comme positives et d’autres comme
négatives pour intégrer un CHRS. L’étude met aussi en lumière une différence
d’interprétation de ces informations selon la fonction, l’expérience professionnelle, le sexe
du travailleur social, la formation professionnelle et le département d’exercice. De plus,
elle montre que les travailleurs sociaux ne sont pas toujours conscients de la manière dont
ils construisent leur jugement. En effet, la recherche montre qu’il existe des écarts
importants entre ce que les travailleurs sociaux pensent faire pour construire leur jugement
et ce qu’ils font réellement.
Notre travail de recherche théorique nous a permis de mettre en lumière
l’évolution du travail social et les différences qui existent entre aide sociale et
intervention sociale (AUTES M, 2004). Puis après avoir distingué la pauvreté de
l’exclusion, nous avons vu qu’il était impossible de regarder cette dernière comme la
conséquence d’un problème individuel (CASTEL R.1991, 1995, 2003). Nous avons
montré que les personnes hors normes ont toujours fait l’objet d’un traitement
classificatoire variant selon les époques et les lieux (BARREYRE JY. 2000).
Ensuite, nous avons étudié le fonctionnement du secteur de l’hébergement et de
l’insertion sociale et nous avons vu que ce secteur était réglementé et que le nombre
de places disponibles était inférieur à la demande. En même temps, DAMON J
(2002) montre comment les politiques ciblées mettent en concurrence les publics et
profitent en premier aux moins défavorisés.