La peur est une expérience universelle et commune à tous. Elle est individuelle mais aussi épidémique. L’homme peut connaître la peur par ses remarquables facultés de représentations et d’imagination. Ces capacités font de lui le principal artisan de ses effrois et en même temps le propagandiste de ceux des autres.
La peur a une fonction révélatrice des difficultés, des désespoirs et besoins individuels et aussi collectifs : lorsqu’une peur s’empare d’une collectivité, elle polarise l’essentiel de la vie sociale du moment.
La peur du crime, dans nos sociétés, sert de révélateur et renseigne sur nos productions imaginaires, nos espoirs et désespoirs. Elle révèle un malaise dans la masse, une instabilité sociale et institutionnelle, des lacunes du pouvoir politique par exemple, mais elle indique aussi un besoin de sauvegarde et de sécurité. Elle est certes, un indicateur d’un besoin de stabilité sociale et de sécurité, mais elle témoigne aussi de disparités et différences sociales : les écarts se creusent en France, par rapport aux lieux d’habitations, à travers l’accès ou non à l’emploi, le niveau de revenu et la mixité sociale.