Dans leur livre intitulé Mauvaises réputations – Réalités et enjeux de la stigmatisation sociale paru en 2003, Jean-Claude CROIZET et Jacques-Philippe LEYENS nous dressent les dernières recherches menées en matière de stigmatisation. Bien que ce thème ait déjà été abordé de nombreuses fois par les experts de la sociologie et de la psychologie, l’originalité du travail des deux psychologues CROIZET et LEYENS, demeure dans le fait qu’ils recherchent le regard des stigmatisés face à leur propre situation, et non plus seulement celui de ceux qui créent, concourent et alimentent les situations de stigmatisation (les « dominants ») à l’égard des porteurs de stigmates visibles ou non.
Or, dans le milieu professionnel, lieu incontournable de la communication verbale ou non-verbale, des échanges interpersonnels, l’effet Pygmalion revêt une importance certaine. En effet, il serait légitime de s’interroger sur la bonne marche et l’efficacité du management lorsque nous savons que les managers (tels les enseignants dans le milieu scolaire) posent des regards plus ou moins bienveillants et positifs sur certains de leurs collaborateurs, et accordent moins de confiance et espoirs de réussite à d’autres. Il est pourtant nécessaire de préciser que cette volonté – plus ou moins inconsciente – de faire changer les attitudes et comportements des autres par le fait même d’adopter une attitude spécifique n’a pas seul objectif de manipulation.