Mon questionnement est parti de plusieurs situations. Je commencerais par resituer le contexte. L’UV dans laquelle j’ai évolué, est composée d’un groupe de neufs garçons, âgés de sept à onze ans avec des problématiques différentes. Il n’y a qu’une seule fille, une adolescente de seize ans qui vient d’arriver sur l’UV. La MECS possède une Unité scolaire interne. Sur les neufs garçons du groupe, quatre d’entre eux y suivent leur scolarité à temps complet, trois autres en alternance entre l’école interne et une école publique en primaire et deux garçons suivent leur scolarité dans une école primaire. (L’adolescente du groupe est déscolarisée, elle est à la recherche d’un stage). C’est lors de ce temps de soutien scolaire que mon questionnement est venu. (Un temps de soutien scolaire est prévu dans l’accompagnement des jeunes, il est inscrit sur le planning d’intervention de l’équipe éducative).
L’accueil des enfants en MECS n’est pas anodin. Leur histoire, qu’ils « portent », le déchirement, la séparation au milieu naturel, l’adaptation au nouvel environnement, tout le flot d’émotions qu’ils traversent, sont autant de facteurs qui forment, sous-tendent et structurent l’organisation du groupe d’enfants dans lequel ils vont être amenés à vivre, le temps de leur placement. Ce nouveau lieu de vie renvoie, au quotidien, à la dure réalité pour ces enfants « déplacés » de leur famille, qui pourtant sont les premières victimes.
Le groupe est le premier lieu social des individus, c’est là que va se construire par jeu d’empirisme leur lien avec l’autre. C’est au travers de la relation à l’autre (dimension affective) et l’apprentissage de la norme, des règles de la vie en société (socialisation), que se jouent les bases de l’individu dans la cité : le citoyen en devenir.