Cet ouvrage est parti d’un constat que l’abandonnisme engendre une population grandissante d’enfants souvent inadapté aux apprentissages divers. Ces enfants nourrissent une souffrance silencieuse, peu démonstrative, qui ne se repèrera souvent que tardivement à l’adolescence dans le cadre judiciaire, lors de passages à l’acte. Au carrefour de la misère socioculturelle et du rejet affectif, l’enfant abandonnique se révèle par son histoire mutilé : abandons répétés, séparations précoces, faits dramatiques de la petite enfance passés sous silence, placements nombreux, complexité de son histoire familiale… Ajouté à cela leur mise en échec des approches psychothérapeutiques, c’est dans un souci de prévention des échecs scolaires et des comportements délinquants que l’auteur a voulu approfondir la problématique de l’abandonnisme.
Freud évoque le symptôme traumatique comme formation de compromis entre des attitudes de répétition et attitudes d’évitement phobique destinées à préserver le Moi contre le retour traumatique. Dans les névroses par exemple, les mécanismes de défenses ont dissocié dans le Moi deux zones différentes, dont l’une reste adaptée à la réalité et l’autre entièrement sous l’influence du passé traumatique. L’expérience révèle que l’abandonnique a été bien souvent le témoin des rapports sexuels de ses parents. Or les interrogations et les constructions imaginaires ne sont pas centrales et ne suffisent pas à maîtriser la brutalité du réel transformant la scène primaire en expérience, menaçant de l’intégrité du Moi, et contre laquelle il se défend par des mécanismes de clivages.