Tout au long de cette formation, je m’étais fixée pour objectif de découvrir les différents publics et les différents lieux auprès desquels et dans lesquels intervient l’éducateur spécialisé. Je souhaitais faire mon premier stage auprès d’adolescents placés en foyer de l’Aide Sociale à l’Enfance, mon deuxième auprès d’un public en situation de handicap et enfin le dernier auprès d’adultes rencontrant des difficultés d’insertion. L’une des particularités de ces trois années de formation est sans nul doute, l’opportunité que j’ai eu d’appréhender le travail éducatif de professionnels émigrés au Sénégal, lors d’un séjour éducatif pour jeunes en rupture sociale et familiale. Même si le public était sensiblement identique à celui du Foyer d’Action Educative (FAE) de ma première année, le projet pédagogique, le cadre, la mixité du public, tout différait. À ce stade de ma formation, ma réflexion portait sur les problématiques adolescentes. Je restais avec de nombreuses interrogations quant aux origines de ce mal être que j’avais si souvent décelé chez ces jeunes.
Les transformations familiales ont produit leur lot de progrès escomptés (égalité des sexes, démocratie familiale et valorisation de l’enfant) mais également leur lot d’effets secondaires négatifs (indifférenciation des positions parentales, fragilisation des frontières intergénérationnelles, idéalisation de l’enfance). Ainsi être parent ne va plus de soi aujourd’hui. Jamais dans l’histoire de l’humanité, la fonction parentale, pourtant pilier de l’organisation sociale et de la construction personnelle, n’a été l’objet d’autant d’interrogations, d’hésitations et de doutes. Le père a perdu de son sens, il ne fait plus sens et n’a de fait plus de légitimité.