L’institution génère de la souffrance chez l’individu. En subissant l’autorité de l’institution, l’homme se heurte à une décision arbitraire. Dans le travail social, la violence faite aux familles et aux enfants qui rencontrent les institutions sur le chemin de leur vie ne peut être niée. La séparation de l’enfant d’avec sa famille constitue une première violence surtout quand elle est imposée par un tiers. Pour l’enfant, elle provoque une perte de repères affectifs, spatiaux, humains. A chaque changement de placement ou d’établissement, l’enfant perdra un peu de sa capacité à aimer, à s’investir dans une nouvelle relation. Cette séparation n’est pas sans conséquences pour les parents. Elle pointe leur défaillance, elle les dévalorise, ce qui engendre souvent une rivalité entre les professionnels et la famille. L’intervention vient disqualifier la famille dans l’exercice de l’autorité parentale.
Pour l’enfant, cette coupure d’avec les parents provoque une désillusion et parfois un sentiment de culpabilité. L’enfant se sent, en effet, responsable de ce qui lui arrive. « Il préfère souvent penser qu’il est à l’origine de la situation parce qu’il est mauvais, plutôt que de penser que ses parents sont incompétents, ce qui le laisserait dans la solitude, la perte identificatoire et la détresse la plus totale.» ( Maurice BERGER : « les séparations à but thérapeutique ») Lorsqu’un enfant accepte mal son placement et qu’il en souffre, comment l’éducateur peut-il remédier à cela ? Comment travailler et faire avec cette souffrance de l’autre ? Comment y répondre ( quand on peut y répondre ! ) ? Comment apprendre à l’autre à faire avec ? De plus, il existe un danger pour l’éducateur : se laisser submerger par la souffrance de l’autre. L’institution est sensée protéger ses sujets contre l’angoisse liée au changement « catastrophique » : changement qui met en cause l’intégrité et la continuité du système ( or, c’est elle qui le fait naître ). Elle sépare, elle permet au sujet de se dégager de la dangereuse fusion d’avec la mère, de l’emprise parentale et de s’individualiser. Cependant, « l’institution ne parvient que difficilement à faire admettre à ses membres la nécessité de maîtriser et de symboliser la séparation » ( ENRIQUEZ.E : « le travail de mort dans les institutions »).
Catégorie: | Etude psycho-pédagogique Educateur spécialisé |
Type de fichier: | application/pdf |
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