Ce travail de recherche est basé sur la rencontre de Claire, douze ans et de son refus le plus manifeste, « je ne veux pas voir mon père. » Les parents de Claire se sont séparés quand elle avait six ans ce qui la coupa physiquement de son père pendant cinq ans. Ce refus s’exprime de différentes façons dans un contexte où le père refait surface au moment même où une problématique ancienne se réveille à la prépuberté, le complexe d’Œdipe. La puberté serait une étape redoutée par Claire car accessible de ce fait aux « prétendants ». « Ceux qui ne veulent pas changer ni se développer n’ont qu’à demeurer dans un sommeil léthargique » B. Bettelheim (1976, p.293). Cependant cette léthargie dans laquelle elle tente de s’installer se voit peu à peu perturbée. Elle sort du sommeil profond de la période de latence et entre dans un « sommeil paradoxal »1 de la prépuberté, où le corps qui ne bouge pas contraste avec l’excitation pulsionnelle qui travaille.
Les premières observations étaient articulées autour d’une enfant contrastée entre son corps de petite fille et son discours d’adulte. Le matériel clinique retenu et étayé par des réflexions théoriques a permis de montrer que le déclin oedipien accentué par une perte réelle du père fait réagir des mécanismes de défenses tenues et surinvesties à l’arrivée de la puberté.
Si on revient sur le « personnel » qui faisait bloc au début des rencontres, puis sur le mot « patricide » ainsi que toutes les connotations mortifères qu’elle exprimait, on peut supposer que dire ce qui est « père-sonne-elle » c’est faire revivre le père oedipien et la culpabilité éprouvée suite à la séparation du couple parental et oedipien. Alors, l’issue possible pour Claire serait d’éliminer le père oedipien pour rester l’enfant pure de la latence, sociable, valorisée aux yeux de sa mère et surtout pas, un objet potentiellement rival et féminin.