J’ai fait mon stage à responsabilité dans une agence départementale de la solidarité. Cette institution publique est chargée du suivi des enfants placés judiciairement ou administrativement mais a d’autres missions. Ces dernières sont décrites dans le Code de l’Action Sociale et des Familles article L-221-1. Les enfants placés sont sous la responsabilité du président du Conseil Général. Il délègue cette responsabilité à plusieurs attachés dont dépendent plusieurs agences géographiquement regroupées. Toutes les demandes de mises en place de dispositifs éducatifs, les changements ou les évènements importants de situation (placement sur un autre lieu ou décès d’un parent par exemple), les plannings de vacances des enfants transitent par l’attaché. Il peut également intervenir en cas de conflit avec une famille ou pour apporter un autre regard sur une situation compliquée.
La « crise de placement » qui me posait question tout d’abord a donné naissance à une interrogation plus centrée sur l’accession de l’enfant à son histoire familiale.
Je pense qu’il est fondamental dans le cadre du placement de maintenir le lien parent-enfant et d’aider la famille d’accueil à le supporter. L’éducateur est ainsi le garant de la place des parents et doit veiller à ce que l’enfant ne soit ni pris dans une situation d’emprise du côté de son lieu d’accueil ni du côté de ses parents. Permettre à l’enfant de se dégager d’un conflit de loyauté c’est l’ouvrir vers le désir de s’individualiser et de grandir. En ce sens, j’ai fait le lien entre l’assistante familiale et la mère de Lorie en leur donnant la possibilité de se rencontrer. L’enfant peut alors mettre chaque adulte à sa place, en ne portant pas la responsabilité de son placement. C’est en voyant qu’il peut « appartenir » à deux familles que l’enfant peut commencer à se poser des questions sur son origine sans crainte de perdre l’affection de l’une des deux.