Les repas du dimanche soir ou l'apprentissage social de Adhil
La table, le temps du repas, activité ordinaire, sans cesse répétée, figure une société en mini-ature qui occupe un espace et un temps bien délimité. « Ce microcosme à ses règles, elles sont prégnantes, incontournables » [ Dortier, (1998), p.18]. Les pratiques les plus ordinaires recèlent tout un inconscient social. Dortier se réfère alors à Norbert Elias pour qui l'art de se tenir à table, les tenues vestimentaires, les règles de la politesse les plus communes résultent de normes sociales intériorisées au cours d'un long processus de socialisa-tion. A table, nous sommes sous le regard de l'autre.
Et notre humanité, avec ce qu'elle a de plus triviale, ne peut plus se cacher. Chacun va s'efforcer pendant le temps du repas, de donner l'image la moins « animale », la plus humaine possible : manger proprement, se tenir droit, ne pas faire de bruits incongrus, manger la bouche fermée, savoir tenir une conversation posée etc.