Je travaille en foyer d’accueil médicalisé depuis plus de quatre ans. Les personnes que
j’accompagne en tant qu’éducateur spécialisé sont porteuses d’un handicap mental profond,
qui associe souvent déficience intellectuelle et pathologie mentale diagnostiquée dans les
toutes premières années de la vie. Les dossiers indiquent souvent : « déficience mentale des
suites de psychose infantile » ; on peut aussi lire parfois les mots « troubles autistiques ». Ce
ne sont que des mots posés par des médecins dans l’exercice de leur fonction. C’est tout du
moins le choix de lecture que je fais, car dans ma curiosité à l’origine de mon métier
d’éducateur, c’est ce qui prévaut : n’importe quel diagnostic posé ne saurait prédire la manière
dont je vais rencontrer ces personnes, êtres humains faits tout comme moi de chair et de sang.
J’ai exposé cette situation, qui est celle qui m’a le plus brassé et questionné dans ma pratique.
J’aurais pu faire le choix d’en présenter d’autres, mais j’ai préféré privilégier celle-ci
uniquement afin d’être le plus exhaustif possible. Il est bien sûr évident que cette formation
longue à l’approche systémique est une formation professionnelle, qui part de notre situation
de travail durant ces trois années qui finissent maintenant. Toutefois, comme dans tout travail
où la relation est omniprésente à chaque moment de notre mission, nous travaillons avec ce
que nous sommes, avec tout notre être. Il s’ensuit donc que nous ne pouvons faire abstraction
de notre vécu, de notre histoire, de notre personnalité.