Dès le début de mon stage, j’ai pu observer que la toilette était le premier moment relationnel de la journée entre l’éducateur et le résident. Je n’avais jusque là jamais accompagné un usager dans cet acte pourtant incontournable dans notre travail. J’appréhendais de ce fait le rapport à la nudité de l’autre, l’adulte. La toilette est un soin d’hygiène corporelle quotidien qui au delà de la technique requiert une attitude, des gestes et un toucher qu’il faut apprendre à maîtriser. De plus la vision, le toucher, l’odorat mais aussi l’ouie sont particulièrement sollicités lors des premières toilettes.
Le projet avance doucement à mon goût, je reste confiante et garde l’espoir quand à la possibilité qu’elle puisse un jour se maquiller seule face au miroir et prendre soin d’elle régulièrement. Dans un contexte régi par la loi de l’apparence, la personne en situation de handicap a bien du mal à exister car l’attitude qui a prévalu pendant longtemps fut l’indifférence. Le mot « handicap » résonne dans la conscience collective comme une sanction sévère et éternelle, l’image même du handicap fait fuir le regard quand il n’éveille pas la curiosité. Cette notion du handicap ne rime pas avec celle de la beauté, dans les regards le handicap dérange parfois bouleverse ou choque. Je réalise que c’est en sentant la différence dans le regard de l’autre que naît la douleur du handicap. Pourtant, nul handicap, déficience ou maladie ne doit provoquer l’irrespect, le mépris étant le plus sur chemin d’ôter sa dignité à l’être humain.