En début d’année, notre intention était de faire un stage qui nous permettrait d’étudier les discriminations racistes dans des domaines tels que la sphère de l’emploi, ou celle du logement. En effet, il s’agit de deux domaines centraux de la vie sociale, qui participent fortement à déterminer la position et la trajectoire sociales des individus. En tant que ressources sociales rares faisant l’objet d’une forte concurrence, il s’agit de domaines où les conséquences des discriminations sont particulièrement aigues. Nous postulâmes alors à un stage auprès de quelques unes des principales fédérations syndicales (l’UNSA, la CGT et la CFDT), nous fiant notamment à l’exposé que celles-ci avaient fait de leurs actions dans le rapport de la CNCDH (Commission nationale consultative des droits de l’Homme) sur la lutte contre le racisme et la xénophobie en 2004. Mais nous n’eûmes que des réponses négatives.
Notre travail, avec toutes les difficultés rencontrées, soulève plus de questions qu’il n’apporte de réponses, et doit être considéré comme exploratoire. Une des difficultés principales que nous avons rencontrées a été de définir précisément un objet. Dans le cadre d’un projet militant dont la dimension juridique fut mise en avant à notre arrivée dans l’association, il y avait certainement le risque de procéder à des « prophéties autoréalisantes » et à une surinterprétation de la réalité sous l’angle d’analyse de l’ethnicité. Cependant, suite à nos rencontres avec des personnels du CROUS et un certain nombre de résidents, nous avons pu entendre des interprétations diverses, qui nous ont conduit, par induction, à préciser nos hypothèses, et à en infirmer certaines.