Le dispositif de la protection de l’enfance coûte chaque année pas moins de cinq milliards d’euros aux contribuables français. On dénombre quelque 270 000 mineurs concernés par ce dispositif. Pourtant cet effort important consenti par les pouvoirs publics en faveur de la protection de l’enfance semble inefficace, puisqu’une multitude de rapports d’experts (une dizaine entre 2000 et 2006, dont 3 de l’IGAS) sont venus en pointer les dysfonctionnements, et partant en exacerber les critiques. Celles-ci concernent essentiellement la complexité de l’organisation du dispositif conjuguant des finalités parfois antithétiques, voire même inconciliables, savoir d’un côté la protection de l’enfance en danger, de l’autre, les droits des parents et le soutien à la parentalité.
C’est dans cette perspective que s’inscrit l’ouvrage de Maurice BERGER, intitulé : l’échec de la protection de l’enfance, publié dans sa première édition en 2003.
Sous la forme d’un véritable réquisitoire, Maurice BERGER dénonce, (outre l’inefficacité de ce dispositif, qu’il qualifie volontiers de « bateau ruineux à la dérive » et « d’irrémédiable gâchis »), la nuisance de celui-ci, non seulement, au regard de l’enfant qu’il ne protège guère, voire même dont il aggrave les déficiences, mais aussi au regard de la société, qui à terme, supportera la charge durable de ces «inadaptés en tout genre», qu’aura engendré un tel dispositif.
Cette résistance semble à certains égards avoir porté ses fruits.
En effet, tout concourt à penser que cet ouvrage de Maurice BERGER, publié en 2003 a inspiré la récente loi n° 2007-293 du 5 mars 2007 réformant le dispositif de protection de l’enfance en France. Dans celle-ci, l’intérêt de l’enfant semble avoir retrouvé la place qui lui revenait de droit.
Un meilleur sort semble être fait à l’évaluation, même si celle-ci fait encore l’objet d’une réelle méfiance. A cet égard, le diagnostic est prévu au quatrième mois de grossesse est un moyen de contrôler et d’évaluer l’adéquation éducative des parents.
Pour autant le soutien à la parentalité est toujours une priorité inscrite dans le dispositif.
Bien que la lettre de cette dernière loi réaffirme bien la coexistence de ces deux logiques antithétiques, à savoir le soutien aux parents et l’intérêt de l’enfant, il semblerait que l’on demeure encore dans cette pratique bien française de « l’eternel compromis », qui hélas, nous le craignons, n’est pas à la hauteur d’une véritable protection de l’enfance.