Le gène égoïste explique la théorie de l’évolution telle qu’elle est comprise aujourd’hui. Peu avant la deuxième guerre mondiale, longtemps après les travaux de Darwin et Mendel, leurs deux théories ont été en quelque sorte réunies pour former la « synthèse néo-darwinienne ». La sélection naturelle opère un tri sélectif, mais à quel niveau cette sélection s’effectue-t-elle : l’espèce (survie de l’espèce) ? La famille (groupe solidaire contre les groupes concurrents) ? L’individu (seuls les plus aptes survivent) ? Aucune de ces réponses ne permet d’expliquer les phénomènes observés dans la nature, et c’est en fait au niveau du gène qu’il faut envisager la sélection.
Pour les chauves-souris elles-mêmes, les liens génétiques sont importants, mais ce n’est pas tout. Elles s’élèvent au-dessus des liens de parenté pour former leurs propres liens durables de fraternité loyale par le sang. Les vampires pourraient former l’avant-garde d’un nouveau mythe confortable, un mythe de partage, de coopération. Ils pourraient proclamer l’idée bénéfique selon laquelle, même avec des gènes égoïstes à la barre, les gentils peuvent finir les premiers.