Le moment du coucher est important, c’est le moment de la séparation où chacun va se retrouver seul pour trouver le sommeil. C’est aussi parfois le moment où se catalysent toutes les excitations et où l’enfant épuisé n’arrive plus à se calmer. Le rituel qui s’installe à ce moment particulier est donc essentiel pour garantir à l’enfant un climat de confiance apaisant qui lui permette de se sentir en sécurité et de s’endormir sans craintes.
C’est l’importance de ce rituel que j’ai voulu interroger en premier lieu, après avoir fait la connaissance de Léo, 8 ans, enfant déficient visuel et particulièrement turbulent durant la journée, pour qui le moment d’aller au lit est une véritable source d’angoisse. De plus, si l’on transcrit cela dans un contexte d’internat avec des enfants déficients visuels, non seulement ce rituel prend tout son sens mais cela nous amène à réfléchir également à l’importance des mots dans la construction de l’imaginaire d’un enfant qui ne peut compter sur sa vue.
En conclusion, la mise en place d’un rituel du coucher peut permettre un apaisement des tensions qui sont souvent exacerbées au moment où l’enfant doit aller dormir. Cet « espace-temps transitionnel » participe à l’apprentissage du réel en l’aidant à s’approprier ce moment angoissant. De même, la lecture d’une histoire contribue à la construction identitaire en permettant à l’enfant de développer son imaginaire et d’accéder à une dimension symbolique qui participera à l’expression et la gestion de ses affects et pulsions. Au niveau du travail socio-éducatif, ce temps est également une occasion pour l’éducateur de créer du lien et d’apprendre à connaître les enfants auprès de qui il intervient.