J’ai effectué mon deuxième stage de découverte dans un Foyer de Jeunes Travailleurs (FJT) à Nîmes. Ce FJT accueille des personnes de 16 à 25 aux problématiques très différentes, le seul critère d’admission étant celui de l’âge. Le FJT est divisé en deux parties: les étages 1 et 2 sont réservés à l’Accueil en Logement Temporaire (ALT) qui prend en charge des personnes sans domicile ou en situation d’urgence ; les étages 3 à 10 constituent le FJT à proprement parler et fonctionne sur la base de chambres à louer après signature d’un bail, et que l’on peut comparer à n’importe quel système immobilier. Le FJT est classé résidence sociale.
La situation Lors de la première semaine de stage (qui a débuté le 5 mars 2001), précisément le troisième jour, ma formatrice de stage vient me trouver et me demande de l’accompagner dans la chambre de Mr Martin, que je n’ai jamais vu, afin d’en sortir les effets personnels, ce monsieur venant de sortir. Elle m’explique que Mr Martin est en dette envers la résidence d’un loyer de 1360f et qu’il tarde à s’en acquitter et ce malgré plusieurs avertissements. Il est donc expulsé du FJT. De plus, pour s’assurer que Mr Martin recouvre sa dette, ses effets seront maintenus sous-clefs dans la bagagerie et ne lui seront rendus qu’en échange de l’argent. Nous entrons donc dans la chambre de Mr Martin et commençons à empaqueter ses affaires dans ses valises. Ce faisant, je me sens de plus en plus mal à l’aise, puis je réalise que ce que je suis en train de faire n’est ni plus ni moins que mettre quelqu’un à la porte. Je continue cependant de ranger les affaires de Mr Martin tout en faisant part de ma réflexion à ma formatrice de terrain. Celle-ci me rappelle qu’il est hors de question de tolérer cela un jour de plus et qu’on ne va tout de même pas l’héberger gratuitement. Elle ajoute “c’est lui ou moi”.
Malgré l’émotion vive qui me submerge, accentuée par une prise de conscience que nous sommes le 8 mars, et donc en période hivernale, je termine la tâche, quelque peu en “pilote automatique”. Nous descendons les affaires de Mr Martin et nous les mettons sous clefs, comme prévu. De retour dans mon bureau, seule, je réalise que je viens de participer à l’exclusion d’un résident, et ce malgré mes convictions personnelles, l’émotion de protestation ressentie, et mes doutes quand à la légalité de l’action. Ce travail de recherche est donc l’occasion pour moi de parcourir les enjeux d’une situation émotionnellement vive et d‘approfondir un questionnement quand à mon propre comportement et celui de l‘établissement de stage. Ainsi, dans un premier temps, je souhaiterais aborder la question de la soumission à l’autorité, qui a selon moi motivé ma réaction lors de cette situation. Puis je me pencherai sur la notion de double contrainte, qui a émergé tant au niveau individuel qu’à celui de l’institution. Enfin, je tenterai de pousser plus loin ma réflexion en me basant sur le concept de “mère suffisamment bonne” de Winnicott pour opérer un parallèle entre l’institution et la fonction maternelle et son rapport avec la fonction paternelle.
Catégorie: | Autre Educateur spécialisé |
Type de fichier: | application/pdf |
Historique du document: |
0 |
Chacun des éléments constituant le site SocioDoc.fr sont protégés par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des éléments.
En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions générales d'utilisation de SocioDoc.fr.