J’ai effectué mon stage de première année auprès de personnes âgées. Mon questionnement de
début de stage était le suivant : je me demandais comment les individus s’adaptaient à
l’arrivée en institution. Il y avait, et il y a toujours, pour moi une absurdité dans cette réalité de la
vie. Que ce soit une entrée en institution choisie ou contrainte (solitude, dépendance, précarité), les
individus doivent s’adapter à des nouvelles règles de vie en collectivité. Cécile Delamarre parle dans
cette situation d’une « autre planète »1 que la personne âgée fragilisée doit investir. D’une certaine
façon, l’accueil en institution pourrait être considéré comme un dernier rite de passage de la
personne.
Dans ce stage, ces questions ont eu une influence sur ma pratique. J’ai notamment eu pour mission
de passer du temps avec des personnes nouvellement entrées et de les aider à s’intégrer aux autres
résidents pour leur épanouissement personnel. Je l’ai fait par de l’orientation, des dialogues, des
créations d’activités. En marge de cela, j’ai voulu participer au moment de l’entrée en institution,
l’admission. Je me suis présenté à trois admissions, ce qui sur l’ensemble du stage ne représente que
peu de temps. A posteriori, je souhaitais étudier ces moments d’accueil, qui je pense sont des
moments cruciaux pour la vie de l’établissement et de la personne accueillie.
Il se trouve que lors de mon dernier jour de stage j’ai pu assister à une « commission
qualité » dans laquelle il a été question de revoir la procédure d’admission. Je trouverais
intéressant par la suite d’y avoir accès pour faire écho à mon analyse.
Le fait de penser mon observation en construisant ce document m’a permis de prendre du
recul et de ressentir plus fort l’intérêt de la question. Cela m’a permis de d’organiser ma
pensée, notamment sur ma frustration à n’avoir pas pu observer des projets de vie
individualisés. J’ai pu mettre des mots sur des concepts que je ne maîtrisais pas forcément.
Cela m’a également permis de faire des recherches et de découvrir que des sociologues
français comme Vincent Caradec s’intéresse à une sociologie de la vieillesse.
Parallèlement je me suis rendu compte que le moment de l’entrée renvoie à beaucoup de
concepts que je n’ai pas pu traiter ici comme l’ambivalence des familles face à au placement
d’un proche ; le faible décalage temporel pour les soignants entre le deuil d’une personne en
unité de vie et l’entrée d’une nouvelle personne…