Mon expérience de stage en Prévention Spécialisée m'a souvent amené à considérer les difficultés d'insertion rencontrées par la population d'un quartier, notamment les jeunes, dans leurs dimensions collectives et individuelles. Les jeunes rencontrés connaissent d'importantes difficultés d'insertion sociale et professionnelle. Ils se sentent exclus, rejetés, blessés dans leur narcissisme car inutiles au fonctionnement de la société. Ils se montrent alors inactifs, passifs et révoltés. Cette "oisiveté" de la jeunesse est mère de tous les maux. Aux situations d'échecs scolaires et de non-accès à l'emploi, se greffent alors des comportements délinquants, violents, revendicatifs. Ces jeunes éprouvent aussi une difficulté à se situer dans le temps, à se projeter dans l'avenir. Leurs rapports à la règle et à la loi sont souvent perturbés. L'éducateur en Prévention Spécialisée, confronté à ce constat, s'interroge en permanence sur le rôle qu'il peut jouer pour "re dynamiser" ces jeunes et favoriser leur insertion sociale et professionnelle. Il réfléchit à l'accompagnement éducatif à proposer pour amener ces jeunes à s'inscrire dans la réalité sociale et économique. Il a conscience de la nécessité de mettre en œuvre, pour cette fraction de la jeunesse marginalisée, un suivi et des processus continus de socialisation et d'insertion sociale et professionnelle. La Prévention Spécialisée se trouve pleinement englobée, dans les politiques d'insertion et de lutte contre l'exclusion. L'insertion sociale et professionnelle des jeunes les plus marginalisés ou en voie de marginalisation est le cœur de l'action de la Prévention Spécialisée. Pour mieux mettre en évidence l'articulation de l'insertion socioprofessionnelle et de la Prévention Spécialisée, je vous propose de les définir : Ø Prévention Spécialisée : Elle est une intervention éducative et sociale, à la fois individuelle et collective. Elle agit dans les quartiers, les groupes d'immeubles, auprès des groupes de jeunes, auprès des personnes dont la situation sociale et le mode de vie risquent de les mettre ou les mettent effectivement en marge des circuits économiques, sociaux, culturels. Ø Insertion : Elle est un processus et un état qui conduit un sujet à trouver une place reconnue dans un système. Elle peut prendre plusieurs figures : insertion sociale, insertion professionnelle, insertion globale… L'insertion signifie à la fois un travail de restauration et de restructuration des identités, de recomposition du réseau de relations de la personne, un nouvel ancrage dans les tissus social, un échange et un lien entre la personne et la société. Ø Insertion professionnelle : Il s'agit de la remise en contact avec le milieu de travail ou la réadaptation au marché du travail. On peut aussi l'appeler la "citoyenneté économique". Ø Insertion sociale : C'est une notion transversale qui désigne la finalité ultime d'une démarche (emploi, soins, logement, culture, éducation…). Il s'agit d'un ensemble d'actions d'accompagnement personnalisé recherchant un effet global d'interventions croisées. I. LA PREVENTION SPECIALISEE DANS L'HISTOIRE : Le processus d'apparition et de reconnaissance de la Prévention Spécialisée est rythmé par des évolutions et par des étapes auxquelles les pouvoirs publics par leurs interventions ont fortement participé. A. 1945… 1958: L'ère des pionniers L'ordonnance du 2 février 1945 relative à l'enfance délinquante fait apparaître l'émergence de l'idée de prévention. Elle permet un élargissement de l'action éducative. Elle substitue à l'idée d'une sanction pénale le principe de la prééminence de l'action éducative. De coupable, l'enfant est devenu victime. Il ne s'agit plus seulement de protéger la société contre les jeunes délinquants, il s'agit aussi de protéger l'enfance et la jeunesse dans une action de prévention des risques. L'ordonnance de 1945 visait à ajuster la prévention et la répression. L'idée d'un nouveau type d'actions, face aux difficultés rencontrées par les jeunes a été lancée par quelques personnalités, notamment Jean PINAUD, Fernand DELIGNY, et Robert CHAZAL –juge des enfants à P- qui aspirent à trouver des réponses autres que judiciaires et répressives aux délits causés par les jeunes. L'objectif est de proposer un mode de prise en charge des jeunes délinquants et prédélinquants autre que celui de la prison et des établissements dits "de rééducation" fermés et isolés. On peut ainsi considérer que la Prévention Spécialisée est née d'une critique interne de la prise en charge institutionnelle. Un peu plus tard, l'apparition de l'ordonnance du 23 décembre 1958 marque une étape importante dans la mesure où elle regroupe, en un texte unique, l'ensemble des dispositifs concernant les mineurs en danger, non délinquants. C'est ainsi que des initiatives (bénévoles) individuelles et locales se font jour. Elles tentent de répondre au désarroi et aux difficultés de tous ordres nés des bouleversements de l'après-guerre. Ces derniers amènent un changement dans les mentalités, en même temps qu'apparaissent les premiers effets d'un développement urbain plus ou moins anarchique (phénomène de bandes d'adolescents, traumatisme des "blousons noirs"). En effet, il est intéressant d'observer que la jeunesse devient une catégorie sociale à part entière ; son émergence sociale déclenche donc une prise en compte des jeunes "adolescents" et des "jeunes adultes" avec leurs fortes valeurs culturelles. Ce mouvement permet de faire reconnaître et de caractériser une tranche d'âge : l'adolescence qui se situe entre l'enfance et l'âge adulte. Celle-ci devient rapidement un phénomène social important.
Catégorie: | Rapport de stage Educateur spécialisé |
Type de fichier: | application/pdf |
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