
J’ai effectué mon stage long à responsabilité dans un service de l’Aide Sociale à l’Enfance du Conseil général de la Haute-Vienne. Les éducateurs travaillant pour ce service ont pour mission de mettre en place et de suivre l’exercice d’actions éducatives en milieu ouvert.
Les mesures peuvent être d’origine administrative. Dans ce cas les mesures sont dites préventives. C’est un parent ou le tuteur légal de l’enfant qui demande aux services sociaux du département l’intervention d’un éducateur.
Les mesures peuvent avoir également une origine judiciaire. C’est le magistrat qui
par un jugement, au titre de l’article 375 du code civil, ordonne la mise en place d’une mesure dite d’AEMO judiciaire quand “la santé, la sécurité, la moralité d’un mineur sont en danger, ou si les conditions de son éducation sont gravement compromises”.
Dans les ceux cas il s’agit d’apporter une aide et un soutien à la famille et à l’enfant pour que leurs conditions de vie évoluent au point que le risque de danger (ou le danger avéré) diminue voire disparaisse.
C’est dans le cadre d’une mesure d’AEMO judiciaire que j’ai rencontré la famille Julien Jonas que j’ai décidé d’évoquer dans cet écrit. Les noms évoqués dans ce travail sont fictifs, dans le but de préserver le secret professionnel. En revanche la situation est bien réelle.
L’objectif de la mesure d’AEMO fixé par le juge des enfants dans cette situation est d’accompagner mère et fils dans l’aménagement de leur relation. Madame Jonas et Julien ont été séparés pendant plusieurs années. L’éducateur dans cette situation a le statut de tiers dans la relation mère / fils. Il intervient à la fois à destination de Julien et de madame Jonas.
Le travail que j’ai réalisé avec cette famille m’a permis de mettre en place une démarche d’analyse et de compréhension au cours de laquelle j’ai du questionner mes évidences, chercher à mettre du sens là où a priori je n’en mettais pas, vérifier les hypothèses que j’élaborais, confronter ma perception de la situation avec les sujets et les professionnels, différer mes conclusions ... Tout un travail d’identification et de mise en pratique d’une posture professionnelle.
Lorsque je ressortais des entretiens avec madame Jonas j’étais épuisé. Nous l’avons vu madame Jonas élaborais des modes de défense en comblant les blancs dans la discussion ou bien en déversant un flot continu de parole qu’il fallait écouter, canaliser et faire progresser.
Une démarche qui m’a demandé beaucoup d’efforts d’attention.
L’étude clinique de cette situation m’a permis quant à elle de prendre de la distance par rapport à ce que j’ai fait ou non pendant mon stage dans cette situation. Cette démarche de description et d’analyse d’une situation me semble incontounable à faire pour chaque situation professionnelle que je rencontrerai dans l’exercice du métier d’éducateur.