Aujourd’hui, les modèles familiaux sont de plus en plus multiples et variés. La famille est une organisation élémentaire de la communauté humaine, qui a toujours pu s’adapter aux besoins manifestés par son époque. C’est au XIXème siècle qu’un noyau dit « nucléaire » (le couple parental qui vit avec ses enfants issus de ce mariage) apparaît, au détriment des autres modalités telles la famille-souche (un seul des fils héritant et restant avec ses parents, les autres devant s’installer ailleurs) ou encore la famille communautaire (tous les fils se mariaient et s’établissaient au foyer parental). Pendant tout le XIXe siècle, la famille « conjugale » a évolué, pour devenir une sphère de plus en plus privée. La vie privée n’est dès lors plus fixée à l’avance en fonction d’une nécessité ou d’une norme sociale. Le choix de se marier et de se séparer relève dorénavant de la conscience individuelle. Le libre engagement au sein du couple ne rend plus nécessaire une institution du mariage créée à l’origine pour sceller la relation de deux familles au travers de personnes qui le plus souvent ne s’étaient pas choisies. Pour le sociologue François de Singly, la famille contemporaine est caractérisée par trois grands traits : une plus grande dépendance vis-à-vis de l’Etat, une plus grande indépendance vis-à-vis des cercles de la parenté, une plus grande indépendance des hommes et des femmes vis à vis de cette famille . Si une large majorité de personnes restent attachées à la conception du mariage et de la famille nucléaire, une minorité non négligeable a pu développer ses propres formes de vie de couple et de famille (familles monoparentales, recomposées, couples non mariés…). C’est à partir des années 1970 que le nombre de divorces s’est accru. Aujourd’hui, on en compte plus de 120 000 par an . Les divorces en France ont effectivement tendance à fortement augmenter et sont essentiellement à l’initiative des femmes.
Cette recherche, effectuée sur le thème de la parentalité des pères non gardiens, m’a permis de vérifier l’hypothèse que j’avais émise, à savoir qu’une intégration professionnelle disqualifiante ou le processus de disqualification sociale sont un obstacle à l’exercice de leur paternité, suite à un divorce ou une séparation. Les éléments obtenus grâce à ce travail nous permettent de dire que cette hypothèse se vérifie sur le public interrogé dans ce mémoire. Effectivement, je sais maintenant que les pères non gardiens que j’ai interrogés et qui se trouvent dans cette situation par rapport à leur emploi et leur travail disposent d’un droit de visite et d’hébergement moindre que les autres pères. Aussi, les pères dans ces situations ont plus souvent des relations peu harmonieuses avec leurs enfants ; ils peuvent également rencontrer davantage de difficultés à bénéficier des émotions positives de leur paternité, et à reconnaître leur identité paternelle. L’instabilité de l’emploi et l’insatisfaction du travail ou le cumul d’handicaps sociaux peut être un frein à l’accomplissement du devoir du père : celui de payer la pension alimentaire (si il y a lieu bien sûr). Enfin, j’ai pu savoir que ces pères rencontrent davantage de difficultés dans l’exercice de leur pouvoir institutionnel. Nous avons vu que ce sont de multiples autres critères (relations parentales, perception du propre père, exercice de la paternité avant la séparation…) qui permettent d’analyser les autres problématiques et ressentis des pères non-gardiens, d’où une nécessité de prendre la situation de la personne dans sa globalité. Mais cette analyse reste limitée, tout d’abord parce qu’elle ne porte que sur douze pères donc elle n’est pas représentative de tous les pères non gardiens. Ensuite, les pères sont répartis par type d’intégration professionnelle, selon les critères spécifiques de Serge PAUGAM.
Catégorie: | Rapport de stage |
Type de fichier: | application/pdf |
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