Il est important de porter une grande attention à l’expression des jeunes, qu’elle soit verbale ou non verbale. Il me semble qu’un des premiers rôles de l’éducateur travaillant auprès de jeunes en difficultés est de chercher un sens au delà de l’évidence de ce qui est dit. Ainsi, lorsque je perçois un malaise chez un jeune, et avec son accord, je le rencontre en entretien individuel. M’appuyant sur un climat de confiance tissé au quotidien, j’essaie d’interpeller le jeune sur son mal-être (sans que cela soit anxiogène pour lui). Il est important de rester attentif aux « signaux d’alarme » lancés par l’adolescent, et qu’il puisse être accompagné à la verbalisation de ce malaise. Au cours de ces entretiens, j’essaie d’aider le jeune à exprimer ses angoisses et à les dépasser (et à développer avec lui un travail de verbalisation qui donne du sens).
Dans le cadre d’un placement et se situant dans une suppléance familiale, tenir des fonctions parentales auprès d’adolescents consiste à les accompagner vers une autonomie et une vie sociale adaptée tout en faisant émerger leur propre singularité et leur individualité.
Mon rôle à tenir auprès d’eux est avant tout d’être repérant. Ce n’est que dans un cadre clair et défini (par un positionnement éducatif solide et cohérent) qu’une progression peut s’effectuer, et dans la sécurité d’un cadre que peut se vivre l’insécurité de l’adolescence. Le temps de la construction de l’identité étant un temps de fragilité, le manque de repères familiaux accentuant cette fragilité, les adolescents doivent être soutenus dans leur travail d’individuation par la réintroduction de repères. L’affirmation des jeunes et leurs oppositions se doivent d’être prises en charge (et surtout prises en compte) au quotidien par un travail d’accompagnement de la parole.