La situation que je vais exposer a suscité chez moi de nombreux questionnement quand à
ma position éducative. Mon implication affective dans ce qui s’est passé soutient ce
questionnement tant j’ai été touchée, bousculée ce qui a, de fait, eu une incidence sur mon travail.
Damien1 bénéficie d’un accueil provisoire, sa mère ayant sollicité de l’aide pour la
soutenir dans la prise en charge de ses trois enfants. Cet enfant de 5ans et demi aurait été témoin
puis victime de nombreuses violences familiales. A son arrivée au lieu de vie, dans lequel
j’effectue mon stage, Damien avait un comportement qualifié de « difficile » alternant entre un
repli sur soi et de fortes colères.
Il m’a paru important de pouvoir ouvrir un espace de parole avec Damien pour qu’il
puisse, en toute liberté, accéder à une certaine prise de conscience quand à son geste et de
manière plus générale à ce que signifie la mort. En ce sens, même si je ne ferme pas la porte à son
besoin d’affection, je refuse que cela soit si simple que cela, si simple qu’un câlin, l’acte est là et
ne peut pas être passé sous silence. En parallèle, le questionnement que je lui ai imposé m’a
semblé violent pour un enfant de 5 ans. Répond-on à de la violence par de la violence ? Cette
mise à distance, le fait de revenir sur l’acte à ce moment là a pu être violent symboliquement,
mais mon rôle d’éducatrice m’empêche d’être dans la compassion et dans l’évitement.