Dans son premier ouvrage intitulé La mise en scène de la vie quotidienne, et en particulier le premier tome La présentation de soi, Goffman part du postulat communément admis que « la vie sociale est une scène », sur laquelle chacun d’entre nous construit son personnage. Il présente ainsi son projet dès la préface : « la perspective adoptée ici est celle de la représentation théâtrale [...]. J’examinerai de quelle façon une personne, dans les situations les plus banales, se présente elle-même et présente son activité aux autres, par quels moyens elle oriente et gouverne l’impression qu’elle produit sur eux, et quelles sortes de choses elle peut ou ne peut pas se permettre au cours de sa représentation ».
En juin 2003, j’ai eu l’occasion d’assister, en tant que partie civile, à une audience dans un tribunal de Grande Instance. J’avais été surprise des interactions entre juristes. Une impression que ces professionnels du droit, fonctionnaient en mode clos « comme si » le « public » n’existait pas ou à l’inverse qu’ils étaient en « représentation ».
D’autre part, j’ai fait du théâtre lorsque j’avais 15 ans. J’ai retrouvé des similitudes entre les comportements des juristes et celles des acteurs de théâtre.
L’entretien doit permettre de valider ou non l’hypothèse de départ. Pourtant, c’est le mélange des observations et de l’entretien qui permet cela. Pour autant, il n’aurait pas été souhaitable de commencer par l’entretien. Les observations permettent de prendre connaissance d’un certains nombres de détails qui vont permettre de comparer rétrospectivement les dires de la personne interviewée. De plus, elles facilitent l’approche et la confiance en soi lors d’un entretien sur le mode semi directif.
Ces différentes observations, les différentes places que j’ai pu occuper m’ont permis de vérifier que le public en présence (les personnes qui assistent aux audiences (familles, proches, autres…) n’est pas le public « à séduire ». L’entretien me l’a confirmé.
Pour finir, peut-être aurais-je dû, avant même de me rendre sur mon lieu d’observation, demander conseils sur la lecture d’ouvrages sur le champ spécifique de mon étude.