« La stigmatisation recouvre l’ensemble des procédés et des énoncés revenant à disqualifier des individus ou des catégories d’individus ou encore, des appellations, au départ neutres, progressivement chargées de connotations dévalorisantes (« jeunes des cités », SDF, bobos) » (1). Le terme stigmate vient des Grecs, qui l’inventèrent, pour « désigner des marques corporelles destinées à exposer ce qu’avait d’inhabituel et de détestable le statut moral de la personne ainsi signalée » (esclave, criminel, ou traitre). Au temps du christianisme, ce terme se rapportait aux marques laissées sur le corps par la grâce divine (plaies éruptives), mais aussi sur le plan médical, aux signes corporels d’un désordre physique.
La stigmatisation est partout et chacun d’entre nous est un stigmatisé. Il est courant d’entendre parler des « jeunes de cités », des SDF, des fumeurs, des personnes alcoolo-dépendantes. A force d’être montrées du doigt, ces populations ont développé de nombreuses stratégies. L’empathie, le respect, le non-jugement d’autrui, la compréhension font partie de ma posture professionnelle. Ce travail m’offre des clés pour entrer dans une démarche compréhensive avec ces populations stigmatisées. Je ne peux pas agir sur la dimension culturelle, ni sur la Politique de la Ville, mais je me dois de comprendre les règles de fonctionnement d’un groupe, d’analyser en quoi les comportements des individus ont une utilité, je me dois de ramener l’individu à une image plus positive de lui-même et je suis chargée d’aider ces jeunes au sein de leur « quartier », tout en préservant leur autonomie.