En stage, dans un service d’hébergement d’urgence, je suis quotidiennement confrontée à l’intimité
des familles accueillies.
Le respect de l’intimité est un droit que stipule l’article 9 du Code Civil. Cependant, comme le souligne
le sociologue Jean François Laé, la notion d’intimité n’est pas facile à appréhender. Elle est
très vaste et s’étend à l’ensemble des relations privées au sens large, de la vie domestique à la vie
familiale, de l’histoire d’une communauté à celle d’un quartier jusqu’à la relation que chacun peut
entretenir avec lui-même, avec son espace, les objets et les personnes qui forment son environnement
socio-affectif.
Le lieu privatif choisi pour laisser émerger une intimité est un lieu de protection qui ne laisse pénétrer
que les personnes expressément invitées à le faire et dont la présence est souhaitée. Or dans les
lieux institutionnalisés, l’accès au tiers est difficilement gérable. Il est des lieux plus ou moins intimes,
un bureau ou un coin de pièce qui peuvent servir de repli spatial, mais la personne qui livre
une part de son intimité à travers une conversation ne sait pas toujours qui va pénétrer cet espace et
à quel moment, ni pour quoi faire. C’est là que peut naître un sentiment d’agression, de vulnérabilité
ou de violation de ce qu’on a de plus personnel.