Les personnes auprès desquelles je travaille ont une déficience mentale qui les empêche en partie d’élaborer une réflexion qui pourrait les conduire vers un peu plus de sérénité. Elles sont en souffrance. Il faut faire avec et travailler pour une amélioration, réveiller leurs potentialités. Il me semble utile dans mon travail non seulement d’être disponible pour écouter ce qu’elles sont, mais aussi de chercher quels seraient les moyens que je peux mettre à leur disposition pour apaiser leurs tourments. Trouver des outils pour qu’elles vivent mieux la vie de tous les jours. Par exemple, offrir un autre cadre qui leur permettrait d’accéder à une partie d’eux-mêmes, plus sereine. Mes observations dans leur vie quotidienne et mon expérience personnelle du théâtre m’ont suggérée de mettre en place un atelier d’expression théâtrale qui serait un moment agréable et un tremplin à leur épanouissement. En effet, cette aventure pourrait mettre en avant des effets positifs d’apaisement, de développement de leur personnalité. Le jeu est un facteur essentiel à la communication, donc d’une meilleure relation avec les autres.
L’atelier théâtre n’a pas pour vocation d’être thérapeutique. Car mon rôle n’est pas celui-là, au sens psychothérapie. Aussi, ai-je toujours été vigilante quant à l’expression d’un résidant qui pouvait déraper. Parfois il m’est arrivé de rompre une situation imaginée pour revenir dans la réalité immédiate, car je sentais que le résidant avait semble-t-il perdu l’idée qu’il était dans l’atelier théâtre. Mon intervention coupait court au « débordement ». J’expliquais de nouveau l’exercice en pointant bien qu’il s’agissait de jouer un rôle. C’est ça la réalité ; jouer au théâtre n’est pas une illusion, mais la réalité c’est le jeu. La représentation a été l’aboutissement du travail accompli, du projet pensé par mon collègue et moi. L’institution nous a fait confiance, a été attentive à notre travail, à notre implication. Elle a reconnu l’investissement de chacun des résidants, leurs motivations. Mon travail consistait aussi à rendre compte auprès de l’équipe, en réunion, de mes observations, des comportements nouveaux de certains résidants, des questions d’autres, ou bien les progressions remarquées. Ensemble, nous affinions notre regard sur eux par la confrontation de nos découvertes. La réflexion qui en émergeait fut une reconnaissance de l’impact du théâtre sur ces personnes en difficultés. Je pense que leur situation s’est un peu améliorée (moins de peurs semble-t-il…). Ils sont plus à l’écoute des autres, expriment davantage au quotidien leurs envies ou préoccupations.
Catégorie: | Mémoire Moniteur-éducateur |
Type de fichier: | application/pdf |
Historique du document: |
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