Au fil des siècles, le regard porté par les sociétés sur le handicap a évolué. Celui des professionnels des secteurs sociaux et médico-sociaux également. De la même façon, à travers des accompagnements auprès des personnes accueillies dans l’institution, j’ai pu constater, avec un certain recul, une évolution du regard que j’ai moi même porté sur le handicap.
Les perceptions des termes de l’infirmité, la malformation, la débilité, l’impotence dans les sociétés primitives et médiévales, jusqu’à leur évolution actuelle me semblent retracer certains aspects de mon évolution, de mon regard sur le handicap.
Il m’a paru intéressant de faire apparaître ici, dans un premier temps, quelques représentations historiques que les humains se sont construits autour du handicap et qu’il me semble avoir traversées, éprouvées au cours de ma pratique.
M’interroger sur l’image qu’a pu me renvoyer le handicap de mon semblable humain m’a éclairé sur mes représentations et mon comportement dans mes relations avec certaines personnes handicapées. Cela m’a également permis d’entrevoir les éventuelles difficultés à accepter la « figure » du handicap pour un parent, comme pour un professionnel.
Je crois que si l’on veut que les personnes handicapées soient considérées comme des êtres humains et adultes, il faut avant tout leur permettre de devenir un sujet. Elles ont toutes une histoire différente, une personnalité unique. Dans sa pratique, le moniteur éducateur peut travailler dans ce sens. En effet, à travers le soutien qu’il apporte aux usagers dans leurs démarches, il a toujours le choix de faire participer la personne et ainsi de lui laisser la possibilité de s’exprimer.
Si au premier abord de la rencontre, l’apparence physique s’impose parfois violemment à nos yeux, nous pouvons par la suite, après avoir accepté de reconnaître une personne humaine, ne pas succomber à la facilité de faire les choses à leur place. Si elle ne parle pas, tout l’art du moniteur éducateur est peut être de tenter de décoder son langage, puis de prendre éventuellement la parole pour elle, sans toutefois la lui ôter.
Après ce travail de réflexion, je reste persuadé de l’importance de tenter de développer autant que possible, des moyens et outils qui favoriseraient leur possibilité d’accéder à un choix, à leurs choix, à leurs vies, aux personnes handicapées. Tout en tenant compte de ce que la personne souhaite, de ce qu’elle est et de ce dont elle est capable, il me semble également important d’aider quelqu’un à gagner ou à maintenir des acquis. Quelle que soit la lourdeur de ses difficultés, je pense que chacun possède un potentiel à actualiser quotidiennement.