J’ai effectué mon en stage dans un foyer d’hébergement accueillant des personnes déficientes intellectuelles. Certains objectifs de l’établissement dans l’accompagnement de ces personnes ont retenu mon attention. Il s’agit notamment de ceux concernant la sécurité des résidents, la prise en charge personnalisée dans un cadre collectif adapté à leurs capacités, l’encouragement à la participation sociale et enfin la possibilité donnée à chacun de faire valoir son statut de citoyen.
L’accompagnement au quotidien de ces personnes a suscité chez moi plusieurs questionnements. Comment travailler l’individuel dans un cadre collectif source de contraintes ? Comment l’éducateur, par son positionnement, ses attitudes, le cadre qu’il institue, permet à la personne accompagnée de grandir et de s’épanouir ?
Toutes ces questions viennent interroger chez moi, le rôle de l’éducateur et le sens de l’action éducative menée en lien avec l’éthique et la bien-traitance. Etre éducateur, c’est essentiellement partager des moments de vie, un quotidien, avec une personne ou un groupe de personnes, afin qu’ils se situent mieux vis-à-vis d’eux-mêmes, ainsi qu’au sein de l’environnement. En effet, selon M. CAPUL et M. LEMAY , ce qui rend l’action éducative spécifique, c’est la création de liens de confiance par le partage d’un vécu quotidien, d’échanges de paroles, d’activités, ainsi que l’engagement du professionnel dans un « ici et maintenant » avec un ou des sujets.
Cette recherche est venue éclairer un questionnement autour de la violence de l’usager en réponse à une contrainte, une demande de la part du professionnel. Je me demandais jusqu’où je pouvais maintenir ma contrainte éducative, lorsqu’en face de moi, j’avais une personne qui me disait non et était violente oralement et physiquement. Cette violence exprimée par l’usager et ressentie en moi-même était si importante, que je n’étais plus sûr d’avoir raison en étant si contraignant. Je ne voulais surtout pas dériver vers de la maltraitance, par des conflits mal régulés.
J’ai donc fait part à l’équipe de ma difficulté, puis en échangeant, en observant, en essayant moi-même de faire différemment, j’ai trouvé des pistes de réponses telles que les activités, et le jeu. Ensuite, ce travail m’a permis d’approfondir des concepts et des notions nécessaires à ma bonne compréhension et à la résolution du paradoxe : « Contraindre (non violemment) pour permettre à l’autre de grandir ». J’ai dans un premier temps étudié les principaux buts et missions de l’éducateur, tels que l’accompagnement et l’éducation, puis les enjeux et intérêts pour l’usager à ce qu’ils leur soient transmis. Enfin, j’ai travaillé sur les méthodes éducatives à utiliser, pour que les usagers acquièrent ce que les professionnels ont à leurs transmettre, pour qu’ils s’épanouissent, grandissent et puissent s’insérer au mieux en société. J’ai alors remarqué que le jeu, loin d’être une réponse magique, est transposable avec tout type de public, à condition de savoir adapter son action.
Je n’ai cessé durant tout cet écrit, de ne jamais perdre de vue l’intérêt premier de l’usager. Ainsi, contraindre non violemment, laisser un espace possible de vie à l’usager où il peut dire non, le bon usage et une nouvelle culture des conflits (constructifs de la personnalité), ont toujours été rattaché au concept de la bientraitance.