Ce choix de concept peut, au premier abord, surprendre. Il s’agit maintenant pour moi d’un
choix évident.
L’étonnement me paraît important dans ma pratique. Mais il a été aussi responsable de ces
craintes quant au désir de me former.
Pour comprendre, il me faut remonter à l’avant formation. Cette découverte du secteur
social a été l’occasion d’interrogations, d’échanges avec des personnes déjà bien ancrées
dans ce domaine. Cela me renvoyait à ma propre ignorance concernant ce métier
d’éducateur spécialisé mais surtout à cette question « est-ce que je travaillerai mieux si je
savais tout cela ? »
Récemment encore, je me questionnais suite à une remarque d’un ami sur le quotidien « le
quotidien est une invention du travailleur social pour donner un sens à son travail ».
J’étais sceptique. Non pas que je réfutais cette affirmation mais je me demandais encore à
quoi cela pouvait bien servir.
Ce travail sur le concept m’a été difficile. D’une part, il m’a fallu séparer la théorie de la
pratique alors que j’ai toujours tendance à articuler les deux. Puis, il m’a paru plus difficile
d’attraper le terme d’étonnement comme un concept que d’autres termes plus courants, tels
que l’empathie, l’identification projective,...etc.
Mais ce travail a été intéressant dans le sens où j’ai découvert que le concept d’étonnement
permettait aussi bien de traiter la somnolence du quotidien que l’épreuve de la rencontre.
Finalement, l’invention du quotidien, c’est peut-être cela : « défigurer la vulgarité de
l’ordinaire, la morosité des vieilles habitudes esthétiques, des appréciations convenues, la
pesanteur du train-train. Sortir des routes balisées, se risquer hors de soi même »26
Ce travail sur ce concept, réalisé en parallèle avec mon stage de découverte à la clinique de
La Borde m’a aussi permis de comprendre que le savoir n’enlève rien à la spontanéité, à
cette « innocence », à l’étonnement.