3. En quoi son œuvre me parait intéressante : a) Le caractère engagé et moral de ses œuvres : Tomi Ungerer fait ressentir dans ces livres pour enfants ce qu’il a vécu pendant son enfance (la guerre, l’injustice, la misère, la solitude…). Le dessinateur est un homme engagé : contre le racisme, le totalitarisme, la pollution et le consumérisme tout puissant. Ses dessins jamais ne cachent à l’enfant les travers du monde dans lequel il est appelé à vivre. Mais jamais Tomi Ungerer ne se laisse aller à la facilité de la morale et des bons sentiments. Le détail agit comme un jeu de mot, un trait d’humour noir ou l’absurde; il révèle violemment ce que le texte dans son apparence tait : le racisme, la violence, le meurtre, la sexualité.
C’est en cela que je trouve que Tomi Ungerer sort des œuvres traditionnelles de la littérature enfantine puisqu’il révèle aux enfants la vie tel qu’ils la connaîtront plus tard sans chercher pour autant à choquer l’enfant. Chacun de ces livres pour enfants contient une morale, un message et le fait passer de manière simple par l’intermédiaire d’histoires se terminant bien, comme pour dire à l’enfant que ces situations ne sont pas définitives et lui dire de faire attention à lui pour ne pas s’y laisser enfermer et de déjouer les pièges de la vie. Son travail, dans les livres pour enfants, change et complète à la fois l’œuvre déjà réalisé en matière de livres pour enfant dans la mesure où ces histoires possèdent un aspect revendicatif sur des problèmes sociétaires rarement présent chez les autres auteurs. De plus, il informe l’enfant sur la réalité de la vie avec ses points positifs mais également les points négatifs, apporte de nouvelles thématiques de lecture pour les enfants et leur permet de découvrir de nouvelles facettes de la vie dont ils n'avaient pas le soupçon. b) Le projet face au lecteur « Enfant » : Le projet de l'œuvre d'Ungerer n'est pas clairement de fuir ou d'adhérer à la société, mais plutôt de montrer à l'enfant la vérité de celle-ci. Une exception cependant ; Jean de la Lune est un livre qui confronte l'enfant à la société humaine et à ses institutions (prison, police) et la solution proposée est de fuir la société, de la même manière que Jean retourne sur la Lune pour vivre heureux.
L'enfant ne doit pas perdre son innocence face à la société, il ne doit pas la rejeter mais en jouer afin de ne pas s'y laisser enfermer. L'auteur souhaite habituer le lecteur enfants à la peur, à la frayeur ( avec Le Géant de Zéralda par exemple), pour lui en éviter les pièges (Guillaume l'Apprenti sorcier) . La série des Mellops est une satire sociale, mais le principe est de sécuriser l'enfant avec des aventures qui réunissent la famille. Il en est de même pour Pas de baiser pour maman, un projet très intimiste, qui malgré la violence des rapports mère-fils montre à l'enfant que l'amour parental est une sécurité. " Pourquoi s’imaginer que les enfants sont des petits imbéciles ! Ils peuvent très bien comprendre les choses… Il faut toujours mettre les enfants au-dessus de leur niveau. Ne pas les rapetisser. L’essentiel est de lire des livres où il y a des mots que l’on ne connaît pas, pour que le mystère du vocabulaire agisse. " (T. Ungerer) Tomi Ungerer se rapproche de la conception éditoriale de Thierry Magnier, éditeur jeunesse depuis trois ans, qui se refuse aussi aux solutions de facilité et prône l’intelligence dans les livres pour enfants : " l’enfant est intelligent» et pour ce " il faut faire les livres dans cet esprit-là ", dans l’exigence du contenu, des images, de l’objet livre. Il n’a pas peur d’utiliser du papier blanc, de faire des marges (ce qui " mange " plus de papier).
Il revendique la qualité dans sa propre déontologie du métier. Il s'adresse à un public enfantin très jeune mais également à des enfants qui commencent à lire. Son but est de mettre les enfants au-dessus de leur niveau, de "cesser de les prendre pour des petits imbéciles et inventer un monde qui n'existe pas pour eux". Le principal intérêt de l'œuvre d'Ungerer est de montrer les choses telles qu'elles sont : un véritable tabou dans la littérature enfantine de l'époque. Il utilise forme du conte, très appréciée par les enfants, et la renverse pour dire la vérité des rapports conflictuels avec les parents dans Pas de baiser pour maman, pour montrer la dureté de la société dans Jean de la lune... " Si j'ai conçu des livres pour enfants, écrit-il, c'était d'une part pour amuser l'enfant que je suis, et d'autre part pour choquer, pour faire sauter à la dynamite les tabous, mettre les normes à l'envers : brigands et ogres convertis, animaux de réputation contestable réhabilités".(TomiUngerer) Ungerer souhaite dénoncer la perversion morale de la société mais sans brusquer, ni choquer le lecteur enfant.
Catégorie: | Travaux U.F. Educateur de jeunes enfants |
Type de fichier: | application/pdf |
Historique du document: |
0 |
Chacun des éléments constituant le site SocioDoc.fr sont protégés par le droit d'auteur. Il est donc strictement interdit d'utiliser, reproduire ou représenter même partiellement, modifier, adapter, traduire, ou distribuer l'un quelconque des éléments.
En cochant la case ci-dessous, j'accepte les conditions générales d'utilisation de SocioDoc.fr.