Lorsqu’une conseillère en économie sociale familiale (CESF) me parle de
sa participation à la création d’une auto-école un peu particulière, une « autoécole
sociale », encore appelée « auto-école d’insertion », le sujet m’interpelle :
l’apprentissage de la conduite serait donc un support d’insertion. Il m’interpelle
d’autant plus qu’en tant qu’ancienne monitrice auto-école, j’ai toujours été
convaincue que les enjeux du permis de conduire ne se réduisaient pas à
l’acquisition de davantage de mobilité. A un niveau personnel, travailler sur ce
sujet me donne une possibilité de faire un lien entre ce que j’étais et ce que je
souhaite devenir. De plus, me positionnant en tant que futur travailleur social,
il me semble important de diversifier les pratiques en vue d’élargir les
possibilités de lutte contre l’exclusion, que l’on sait multiforme.
Au terme de cette recherche, il semble que l’apprentissage de la conduite
en auto-école sociale constitue un dispositif d’insertion intéressant à plusieurs
titres. D’abord il s’appuie sur une motivation forte. Il permet de restaurer, au
moins en partie, la confiance en soi. Par la mise en mouvement qu’il opère, au
sens propre comme au figuré, il constitue un espace d’élaboration de projet tant
sur le plan personnel que professionnel. Enfin il autorise à se sentir acteur de sa
vie. Ce sont ces éléments qui me permettent de suggérer qu’apprendre à
conduire, c’est aussi un moyen d’apprendre à conduire sa vie.
Il me semble que les travailleurs sociaux peuvent s’appuyer sur cet outil
pour tendre vers les objectifs inhérents à leur travail : mettre en valeur les
personnes, leurs potentialités, développer leurs capacités existantes et leur
autonomie. Au sein de ce dispositif, je pense que le conseiller en économie
sociale et familiale peut trouver sa place, dans une approche à la fois technique
et relationnelle :