Mes expériences professionnelles de formation m’ont permis de rencontrer des personnes dont les difficultés n’ont rien de comparables. Après avoir vécu trois mois de stage dans un Institut médico Educatif au contact d’un groupe de “jeunes-majeurs”, j’ai fait la connaissance d’adultes hébergés dans un foyer de vie. Ces personnes étaient atteintes d’infirmités motrices d’origine cérébrales. Enfin, au cours de mon stage à responsabilité, j’ai fait la rencontre de familles et d’enfants dans le cadre de l’exercice de mesures d’aide éducative en milieu ouvert. Au cours de ma formation j’ai également travaillé en maison d’enfants à caractère social avec des enfants âgés de 8 à 18 ans. Cet énoncé de mon parcours retrace une partie de mes expériences professionnelles dans le secteur social. C’est en effet dans ce secteur de la relation humaine que j’ai décidé à trente deux ans d’entamer une formation en vue de l’obtention du diplôme d’éducateur spécialisé.
A chacune de ces expériences j’ai repris l’aventure d’une rencontre avec chaque personne que je devais accompagner un bout de son chemin. La découverte de cette rencontre humaine m’a interrogé tout au long de ma formation. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai fait le choix de traiter dans ce travail du thème du transfert dans la relation éducative. En effet, nombreux sont les ouvrages professionnels décrivant la relation que construisent un éducateur et la personne dont il s’occupe. Nombreux sont ceux faisant référence à la dimension transférentielle de la relation éducative. Je me suis donc tout naturellement interrogé à ce sujet.
Travailler mon thème d’approfondissement sur le transfert m’est apparu comme une démarche essentielle pendant mon parcours de formation. En effet on a tout dit et on a rien dit lorsque l’on décrit l’éducateur comme un professionnel de la relation. Encore faut-il étudier et comprendre ce qui se joue, ou ne se joue pas dans la relation.
Etudier la notion de transfert m’a permis d’acquérir une démarche de réflexion par rapport à ma personnalité. Lorsque l’éducateur fait la rencontre d’un individu, il ne peut à mon sens faire l’économie de questionner ses représentations et les sentiments premiers qui émergent rapidement après la première rencontre. Je partage l’avis de ceux qui pensent et se prononcent en ce sens que sans transfert il ne peut pas y avoir d’accompagnement éducatif.
Ce travail m’a permis également de partager avec plusieurs professionnels sur ce thème et aussi avec les étudiants de la promotion. Il m’est apparu alors que la notion de transfert dans la relation éducative qui n’est pas abordé dans un cadre magistral pendant la formation, questionne chaque étudiant et ce quelque soit ses expériences de stage. L’étude de la notion de transfert m’amène à plusieurs conclusions. Tout d’abord, je pense que pour accueillir la personne que nous devons accompagner nous ne pouvons faire autrement que de nous questionner sur notre construction. Ce qui progressivement nous amène à mieux nous connaître et donc d’une certaine façon à travailler avec nos faiblesses, une fois qu’elles ont été identifiées.