Les différentes observations recueillies par les professionnels ont permis d’identifier que le public accueilli à la résidence sociale avait tendance à rester des journées entières au sein de leur structure. Le lien social que les bénéficiaires avaient avec l’extérieur se résumait aux courses au supermarché, effectuer quelques démarches administratives, ou se rendre à des rendez-vous médicaux. Les échanges entre personnes sont aussi peu nombreux. Lors d’une réunion d’équipe, nous avons pu constater qu’il était difficile de mobiliser de la résidence sociale à se rendre au café social pour profiter des actions collectives proposées.
Dans le cadre de la mission qui m’est confiée, je dois mettre élaborer, mettre en œuvre et évaluer un projet qui va répondre au besoin repéré. Après avoir obtenu l’aval de la direction j’ai été chargé d’élaborer et de soumettre un projet réalisable pour validation. J’ai procédé par étape. Ma première démarche était d’évaluer la faisabilité du projet en termes de moyen.
L’insertion peut être définie d’un point de vue générique, comme la capacité d’un être humain à s’inscrire dans différents réseaux d’échange. L’insertion est tout d’abord une idée de présence par l’accès à un ou plusieurs groupes sociaux. Elle évoque une notion de participation, laquelle suppose une adaptation et une reconnaissance réciproque, sans pour autant exiger de ce groupe de trop grands efforts. Il s’agit pour la personne de trouver sa place au sein d’un ou plusieurs groupes sociaux qui tirent avantages de sa présences et auxquels elle apporte sa contribution dans le respect et la richesse de sa différence. Les compétences sociales ne peuvent se travailler et s’affiner que dans un espace collectif, animer par des tiers, pour étayer et renforcer l’accès à l’autonomie sociale. Si cette dimension m’apparaît importante, c’est parce que la personne adulte en situation d’isolement peut en effet présenter une plus ou moins grande vulnérabilité au regard de l’autre et de son éventuelle influence. Aussi, cette dynamique de groupe, pensée, aménagée, régulée par des professionnels en fonction des personnes concernées, peut (aussi) - elle favoriser une plus grande aisance dans les relations sociales ; elle fait vivre à ses participants des postures d’échange de ressources, de don et de contre-don, d’initiation à la prise de décision en groupe, de gestion socialisée des conflits et tensions qui peuvent émerger. Cela implique d’oser énoncer ses propositions et choix personnels, ses valeurs, ses goûts, opinions, refus …, autant de préalables indispensables à une insertion sociale assumée et à l’exercice de la citoyenneté.