Ce dossier sur les pratiques professionnelles s’appuiera sur deux stages effectués au cours de ces trois années formation. « Il est de l’alimentation humaine comme de l’amour humain », a écrit Claude Nachin , ajoutant « Le plaisir de manger n’est pas une simple jouissance solitaire, c’est une joie qui ne s’épanouit qu’en commun ».
Pour peu qu’on considère cette question autrement que le simple fait de se nourrir, l’alimentation représentera un outil dont l’éducateur peut se saisir au quotidien.
Je veux faire apparaître dans ce dossier ce qui peut se jouer autour de l’alimentation. En quoi ce qui pourrait apparaître comme un simple aspect de vie peut me servir de support à la relation ? Comment si on y prête attention, ce simple aspect de vie peut révéler de l’être autant que la parole, à travers le symbolique que chacun y rattache ?
Le cadre de conceptualisation va s’appuyer sur l’ouvrage de Paul Fustier « Le lien d’accompagnement »
Dans les deux situations, finalement distinctes en tout points de par la problématique, l’âge, la culture, l’intervention en foyer ou en prévention spécialisée ; la cuisine et l’alimentation ont joué un rôle essentiel dans l’établissement de la relation et du lien d’accompagnement.
Mais dans les deux cas, cette relation a été construite dans les interstices de la socialité primaire et secondaire. Dans les deux cas, elle a fait appel à du symbolique, des affects identifiés à la nourriture et à ce qu’elle représente pour chacun d’entre nous et à ce qu’elle représente pour tous, en tant qu’humain.
Je regrette que cet outil ne soit que trop peu valorisé, trop peu identifié.
Je me souviens, en 2003, j’avais effectué un stage de formation M.E de quelque mois dans un lieu d’accueil et d’orientation (L.A.O) recevant les mineurs isolés libérés de la zone d’attente de Roissy. En raison de la réglementation, les repas nous étaient livrés par la société SODEXO , tous les jours, dans des barquettes aluminium. Des jeunes pour qui souvent c’était le premier séjour en France, sans repères culturels et sociaux. Quel sens peut-on donner à ce fait, quelle indignation pouvons-nous en tirer ? Pourquoi cette indignation ne dépasse pas les portes de nos institutions ?