Les jeunes accueillis présentent des troubles du comportement qui rendent difficile une inscription dans le lien social. Ces troubles sont interprétés comme le signe d’une perturbation dans le rapport à l’Autre qui peut se structurer essentiellement de façon névrotique ou psychotique. L’accueil de jeunes présentant une structure psychotique n’est donc pas un obstacle à l’admission, à partir du moment où le pronostic établi peut envisager une admission dans l’établissement avec un accompagnement thérapeutique, pédagogique, social et éducatif adapté et approprié, leur permettant d’envisager un apprentissage professionnel ou scolaire. Ils manifestent également une grande fragilité sociale, ne leur permettant pas le plus souvent de maintenir leur inscription scolaire ou de formation, affichant une attitude hostile à la plupart des tentatives éducatives, mettant à mal les figures de l’autorité, développant aussi des comportements de violence ou de mise en danger. Ces enfants ne trouvent pas de quoi se soutenir, ce qui pourrait se traduire comme un manque d’appuis, pour savoir comment régler ce qui leur pose problème. Cet égarement s’exprime par un fréquent recours au passage à l’acte, avec mise en danger de soi-même ou d’autrui.
’avais également sous-estimé le lien d’affection qui peut se créer avec ces jeunes. Je m’était fait à l’idée qu’avec ce type de public, la distance à s’imposer vis à vis d’eux est telle qu’elle rend beaucoup plus compliqué les liens d’attachement à ces jeunes (et à l’éducateur). Et vice versa, je pensais que la perception qu’avaient ces jeunes de leur éducateur était plutôt négative.
Je me suis rendu compte que ce lien d’attachement est tout aussi présent et tout aussi fort qu’avec d’autres publics. C’est la façon de l’exprimer qui est différente : ce lien est beaucoup moins perceptible, palpable. Il transparaît parfois au détour d’un mot, d’une demande, parfois même d’une insulte…Il suffit d’être attentif.