À mon arrivée à l’ASE, l’équipe m’a expliqué comment accéder aux dossiers des usagers. Pour chaque dossier existe une « fiche partenaire » où figurent les parents. Intriguée par ce statut donné aux parents, dans le cadre de la protection de l’enfance, et l’utilisation du mot « partenaire » par l’équipe pour désigner tous les acteurs travaillant autour de l’enfant, je sens un décalage dans la nature de ces deux partenariats.
Ce dossier est l’occasion non pas de donner une définition unique du partenariat mais tenter de savoir ce qu’est le travail en partenariat en construisant un projet utilisant ce moyen.
Dans une première partie, je m’attacherai à conceptualiser mon lieu de stage, à savoir l’Aide Sociale à l’Enfance, tout en présentant les partenaires, le territoire et le public.
La seconde partie présentera un projet que j’ai pensé autour d’une famille portugaise. Le thème central de ce projet est l’interprétariat. Ce projet n’a pu voir le jour. La troisième partie sera consacrée à l’évaluation de mon projet au regard de ma démarche et de ce que ce projet aurait pu apporter aux acteurs et aux usagers.
La construction de ce dossier a été pour moi l’occasion de réfléchir à ce qu’est le partenariat, et de l’expérimenter par une tentative de mise en œuvre d’un projet en partenariat. Mais, plus largement, il m’a également amené à réfléchir sur ma posture éducative. Le premier projet que j’ai souhaité réaliser n’a pu voir le jour. Il s’agissait de proposer au père des enfants suivis dans le cadre d’une AED une nouvelle façon de mener les entretiens afin de travailler sur son histoire personnelle. Cette famille, rappelons le, est d’origine portugaise, un interprète aurait été présent afin de favoriser la parole spontanée chez Monsieur. Le refus que j’ai obtenu pour le premier projet m’a amené à réfléchir sur ma démarche et sur mon « échec ». En réécrivant une partie de ce dossier et plus particulièrement la partie concernant la description de la situation familiale, je me suis aperçue que j’avais construit ce premier projet dans un contexte émotionnel où mes émotions ont joués un rôle. Le rejet que ce père avait pour son fils m’était violent. Ce dossier m’a montré une fois de plus, que même si on « travail avec ce que l’on est », il faut savoir gérer ses émotions, faire un pas de côté afin de prendre du recul et être au plus juste dans sa pratique afin d’accompagner les personnes suivies. Les émotions sont une partie du moteur du travailleur social, elles sont essentielles. Mais c’est à nous de se donner les moyens et des outils afin de faire ce pas de côté et objectiver au maximum la situation.