Le fait s’est produit lors de mon avant dernière journée de stage. Justine avait été hospitalisée en Psychiatrie les semaines précédentes, suite à un comportement délirant dans l’institution. Cet événement est consécutif à une intoxication médicamenteuse liée à l’effet de deux médicaments contradictoires. A ajouter à cet événement difficile, Justine ayant un problème de vue, a mal conduit son fauteuil électrique au foyer et n’a pas évité un mur en tournant. Justine ayant une fracture de la jambe se retrouve plâtrée. De retour depuis peu, Justine n’avait, jusque là, pas manifesté d’agressivité.
Justine se trouve dans une situation difficile : suite à son hospitalisation en psychiatrie, elle a besoin d’être écoutée et reconnue dans sa souffrance. Dans l’institution, il a été constaté que Justine provoque des incidents avec les autres résidents lors de la perte d’objets. Les notions de manque et de frustration l’amènent à une perte de contrôle émotionnel. Cette difficulté est probablement concomitante à la pathologie même, conduisant à un envahissement des affects sur le cognitif.
L’équipe n’ayant pu ou voulu répondre de manière immédiate à sa demande, Justine réagit violemment. Dans l’impossibilité de se contrôler, Justine maintient le lien en communiquant sa souffrance par des hurlements et un vocabulaire grossier. Ainsi, elle provoque une réaction, espérant être « entendue ». Les éléments de l’histoire de Justine mettent en lumière l’abandon qu’elle ressent : la perte de sa sœur jumelle, sa difficulté d’exister et de correspondre à l’image idéale inatteignable. De plus, la mère de Justine l’infantilise en permanence et renvoie une image négative d’elle-même. Justine n’existant qu’à travers le prisme des autres et celui de sa mère, elle revendique sa place de manière symbolique. Dans cette situation de crise, la rationalité ne permet pas à Justine d’avancer.