Si la violence parentale existe, on sait moins comme le souligne C. Eliacheff (1) : « que les
professionnels et les institutions dont la fonction est précisément de protéger les enfants et de
leur venir en aide peuvent, eux aussi, faire preuve de violence y compris envers les enfants,
notamment en disqualifiant la fonction parentale ou en laissant les enfants dans l’attente
interminable d’une décision qui les concerne au premier chef ».
La violence ne résulte pas forcément d’un acte couramment repéré comme violent, bien que
ceci puisse arriver, mais d’un état d’esprit qui transmet quelque chose de « violent ».
Dans notre pratique, nous, intervenants rencontrons des moments de grâce, où les parents
comme les enfants découvrent dans la relation à l’autre qu’ils peuvent aborder leur vie
future, libérés du désespoir, du cynisme et de la rage qui les empêchaient de penser mais
nous rencontrons aussi des échecs terrifiants, épuisants et tragiques pour le futur des
enfants, parce que l’aide offerte n’a pas abouti, que des interrogations inévitables ont surgi
sur l’état d’une société qui favorise cette violence et sur les réponses qu’elle offre ou
qu’elle impose.
La question fondamentale est de savoir comment offrir un accompagnement de qualité
aux enfants et aux parents, sans rester sidéré par la violence, comment apprivoiser celle-ci
et comment dépasser le jugement moral…